Elle s'appelle Stafila?
Vous n'avez pas le droit de répondre
09:25:49 11/12/2012
CHAPITRE I




C'était une journée tranquille de Maisial, il faisait beau.


Un regroupement de nombreux marchands avait lieu à proximité du château d'Amakna.
Parmi eux, un couple de mineurs et leur fils aîné étaient arrivés bien avant tout le monde afin de trouver et de réserver le meilleur emplacement possible.
La vente de minerais et de produits dérivés permettait à la famille Anilikos de vivre aisément depuis des générations.
Ils avaient trois enfants, Etan le fils ainé, Fily et Sila leurs deux filles.
Du haut de ses 14 ans Fily maîtrisait déjà parfaitement l'art du minage et disposait de facultés intellectuelles assez impressionnantes pour son âge (même si au premier abord ce n'était pas vraiment évident).
Elle faisait la fierté de ses parents.
Seulement, en cette belle journée Fily s'occupait de sa jeune sœur de 4 ans.
En effet les Anilikos avaient laissé leurs deux filles chez eux, quelque part dans la plaine des Scarafeuilles.



Des rires d'enfants résonnaient justement dans la plaine.



- " Allez, plus vite! Je vais t'attraper Sila!

Soudain la jeune osamodette qui venait de prononcer ces paroles s'arrêta net.

- Oh! Regarde, une mine! Viens, on va voir à l'intérieur!

Elles entrèrent alors à l'intérieur. Celle-ci était assez spacieuse, quelques bougies du mineur sombre éclairaient quelque peu les lieux. Sur la droite un gisement de Kobalte semblait encore inexploité.

- Du Kobalte! Je vais en prendre pour les parents! s'exclama Fily émerveillée devant l'abondance du minerai.

- J'aime pas ici Fily, c'est tout noir. J'ai peur. s'empressa de rétorquer Sila qui n'avait pas envie d'attendre dans ce lieu qu'elle trouvait sordide.

- J'en ai pas pour longtemps, mets-toi là", lui répondit Fily en lui montrant une pierre derrière elle.



Les coups de pioches résonnaient. Deux Enutrofs entrèrent à leur tour.
Ils ressortirent quelques minutes plus tard en riant.
Un bruit sourd provint de sous la surface du sol.
Une partie de la mine fût détruite.
Et puis...plus rien ?



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La nuit commence à tomber dans la plaine des Scarafeuilles.
Une silhouette marche lentement, avançant entre les châtaigniers.
L'individu est petit cependant les scarafeuilles aux alentours en ont peur.
C'est une jeune fille d'une dizaine d'années.
Elle a de longs cheveux blonds, des yeux d'un vert intense, brillants.
Des larmes coulent le long de ses joues. Elle pleure.
Ses vêtements sont déchirés.
Sur son corps, de la terre...des bleus...du sang.

Dans ses bras, le cadavre de sa sœur.

Elle marche. Elle pleure. Elle souffre. Elle est en colère.



Oui, c'était une belle journée de Maisial. Il fait nuit maintenant. Une autre belle journée va bientôt commencer.
"You see the smile that's on my mouth. It's hiding the words that don't come out
And all of my friends who think that I'm blessed. They don't know my head is a mess"
21:27:50 19/12/2012
CHAPITRE II



Les Anilikos étaient contents de rentrer chez eux après ces deux jours de commerce intensif.
Les affaires avaient été bonnes, ils revenaient avec 5% en plus du chiffre d'affaires prévu initialement. Avec la recrudescence des mineurs dans la région d'Amakna il fallait trouver des solutions pour contourner la concurrence de plus en plus grande. Les Anilikos avaient heureusement pour eux plus d'un tour dans leur sac.
Aussi, c'est plein d'enthousiasme que Madame Anilikos ouvrit la porte de la demeure familiale.
Impatiente de revoir ses filles elle s'empressa de signaler sa présence pendant que son mari courut à l'étage ranger précieusement les kamas fraîchement gagnés.



- "Fily! Sila! On est rentrés!

Un silence de quelques secondes la mit mal à l'aise. Quelque chose n'allait pas, la maison semblait déserte.

- Où êtes-vous? Ce n'est pas le moment de se cacher, ce n'est pas drôle ! Insista leur mère.

- Regarde Maman." Etan pointait du doigt un parchemin posé sur la table de la salle à manger.

Elle le prit et se mit à lire.

http://nsa32.casimages.com/img/2012/12/19/121219101202182178.jpg

Elle lâcha la lettre qui virevolta doucement vers le sol. Au même moment un cri retentit dans toute la maison. Son mari venait de trouver allongé sur son lit, le corps de sa petite fille.


Les pleurs de sa famille ne parvenaient pas aux oreilles de la jeune osamodette qui marchait en direction des Landes de Sidimote. Son esprit encombré par un film qui repassait en boucle était devenu imperméable à toute sensibilité.

Animée par ce désir de vengeance elle avançait sans se retourner, cherchant des personnes qui pourraient l'aider.




"You see the smile that's on my mouth. It's hiding the words that don't come out
And all of my friends who think that I'm blessed. They don't know my head is a mess"
20:19:59 28/01/2013
CHAPITRE III




C'était la troisième fois qu'elle se présentait devant eux, la dernière sans doute. Cette fois-ci elle n'avait pas le droit à l'erreur, elle devait les impressionner, leur montrer sa détermination.
Et la seule façon de le faire c'était celle-là. Elle y avait réfléchi toute la nuit, c'était comme ça qu'ils fonctionnaient.
C'était simple quand on y réfléchissait, mais plus facile à dire qu'à faire.


Une seconde suffira.

L'instant suivant lui, dure moins d'une minute.
Elle lâche d'abord la dague qu'elle tient dans la main droite, puis elle lâche celle de la main gauche.
Ils la regardent se vider de son sang.
Elle leur sourit.
Elle sait qu'elle a obtenu ce qu'elle veut.
Elle s'effondre sur le sol avant de s'évanouir.




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Deux ans se sont passés depuis le départ de la jeune osamodette de chez elle . Nous la retrouvons hébergée par un clan de sacrieurs dans les Landes de Sidimote.

Physiquement elle ne ressemble plus du tout à la jeune fille qu'elle était.
Elle s'est teint les cheveux en noir et ceux-ci sont bien plus courts.
La provocation est son nouveau passe-temps, c'est donc tout naturellement qu'elle expose volontiers une cicatrice ornementée de tatouages en forme de croix qui part de ses cuisses et arrive juste en dessous de sa poitrine.
Elle porte un short et un haut très court, les deux en cuir noir. Un fouet est accroché à sa ceinture, lui aussi en cuir noir.





Et que dire de son attitude ? Oui elle aime provoquer mais seulement grâce à son apparence.
Elle évite les gens autant qu'elle le peut et quand il lui faut communiquer elle est d'une froideur extrême. Pourquoi devrait-elle se forcer à s'intéresser aux autres ? Ce n'est qu'une perte de temps, elle n'en a pas besoin.


___


Adossée contre le tronc d'un Oliviolet elle rassemble le peu d'affaires qui lui reste. Devant elle un carnet est ouvert sur une double page : deux portraits d'énutrofs y sont dessinés.


- "Ils vont payer, murmura-telle.

- Stafi... Une voix d'enfant la sortit de ses pensées.

- J'arrive. Elle essuya la larme qui coulait le long de sa joue et mit son sac sur son dos. Elle marcha une dernière fois dans le camp avant de se diriger vers l’abri du maître.

- Il paraît que tu nous quittes, dit-il calmement.

- Oui , il est temps pour moi de continuer ma route. Je suis prête maintenant.

- Qui aurait pu croire qu'une osamodette partagerait la vie du clan pendant presque deux ans. Tu es intelligente, habile et nous t'avons appris l'endurance. Tu es une grande combattante malgré ton jeune âge. Pourquoi te laisserais-je partir ?

- Peut-être parce que je ne suis pas une sacrieuse ? Peut-être parce que vous n'êtes pas mon maitre ? Je ne suis pas venue ici pour vous demander votre avis mais pour vous dire au revoir.

- Hum. Les autres te respectent et tu es plutôt belle, je n'aurai pas de mal à te trouver un mari...

- Certainement pas. Je vous suis reconnaissante de m'avoir enseigné votre savoir au combat et maintenant je m'en vais.

- Tu es venue nous voir il y a deux ans, tu étais une enfant et pourtant il y avait ce désir qui t'animait, je ne saurai le décrire.

- Alors ne le faite pas...

- Tais-toi !laisse-moi continuer ! il haussa un peu la voix. Le regard de la jeune osamodette changea devenant effrayant, on pouvait y entrevoir une rage presque animale. Mais elle réussit à se contrôler. Tu es venu à notre rencontre car tu voulais que l'on t'apprenne à te battre. J'ai dit non, seuls les sacrieurs sont admis dans nos rangs. Tu es revenue le lendemain et le surlendemain, puis tu as sorti deux dagues et t'es mutilée devant nous. Quel geste insensé, et tellement beau en même temps. Alors je t'ai recueillie et nous t'avons soigné. Cela a pris trois mois au moins.

- Ouais on sait, et vous m'avez fait ces tatouages horribles, elle montra son ventre. C'est bon on connaît l'histoire. Il est temps pour moi de partir.

- J'ai une dernière question. Pourquoi n'utilises-tu jamais tes invocations ?

- Je n'en ai pas besoin. Un guerrier sans intelligence est inutile.

- Soit. Au revoir Stafila, bonne continuation.

- Adieu. Ah oui, si j'ai un petit conseil pour vous, la prochaine fois que quelqu'un vient s'ouvrir le ventre devant vous laisser le mourir. Sinon vous passerez soit pour des personnes gentilles, soit pour des personnes manipulables et faibles. Et ce n'est pas ce que vous êtes n'est-ce pas ?"



Elle tourna les talons et s'en alla vers Brakmar un sourire en coin se dessinant sur ses lèvres, fière de ses derniers mots.


"You see the smile that's on my mouth. It's hiding the words that don't come out
And all of my friends who think that I'm blessed. They don't know my head is a mess"