14:06:08 09/12/2012
CHAPITRE I
--------------------------
Un jour comme tant d'autre, à l'aurore d'un matin où le ciel se mit à rougir d'un profond rouge cerise, un jeune disciple du dieu Iop nommé Karnam vit d'étranges couleurs remplir les blancs nuages. Le jeune garçon se leva prestement de son lit et s'élança vers la porte qui donnait sur l'extérieur, pour admirer cet événement sans pareil. C'était magique, à tel point qu'il couru en direction du soleil pour s'en approcher. Il traversa le jardin, passa le portillon, et se précipita dans la rue pour rejoindre la grande muraille de la ville aussi vite que lui permettait ses petites jambes d'enfant.
Une fois arrivé au pont levis, il gravit les marches deux à deux, s'approcha du bord, et aux vues de sa petite taille, s'appuya sur le muret pour mieux voir le spectacle. Une petite voix qui venait de derrière lui, demanda : « C'est Chouette hein ? ». Surpris, Karnam sursauta et se retourna pour voir qui s'adressait à lui. Elle regardait vers la vallée, un grand sourire aux lèvres : « Tu viens souvent voir le levé de soleil ? » lui demanda la jeune Pandalette. Il ne sut quoi dire, et la regarda bouche bée. Elle tourna son regard vers lui, rit et descendit les escaliers en sautillant. Il la fixa jusqu'à ce qu'elle disparaisse de son champ de vision. Pendant un moment il resta là, et se rendit compte que le spectacle était fini depuis longtemps. Il décida de rentrer à la maison avant que sa mère ne s’aperçoive de son excursion matinale.
Quelques heures plus tard, Karnam fit semblant de se réveiller lorsque sa mère ouvrit la porte de sa chambre. Il descendit de son lit et se dirigea vers la cuisine pour prendre son petit déjeuner.
« Tu as bien dormi ? Lui demanda-t-elle.
— Oui maman... »
Il prit une gorgée de son chocolat chaud en soufflant sur la fumée qui s'en échappait.
« Dis moi, ce n'est pas ce matin que tu devais aller aider le contremaître Ikul ? »
Le jeune Iop recracha le liquide brûlant sur la table, prit une part de brioche et couru vers la porte en criant :
« Je suis en retard ! Je serai là pour manger. À tout-à-l'heure ! »
Une fois encore, sa taille ne lui facilitait pas la tâche. Il couru aussi vite qu'il le put vers la forge ou le maître Ikul avait tout juste commencé à allumer le four.
« Tu es encore en retard ! lui fit-il remarquer.
— Je sais maître, j'en suis désolé...
— Ce n'est pas grave, aide moi plutôt à mettre les lames dans les braises. »
Karnam enfila son tablier et exécuta les ordres à la lettre.
Après deux heures de travail intensif, il s'essuya le front et souffla un grand coup. Il raccrocha son tablier au porte manteau et retira ses gants.
« C'est du bon boulot qu'on a fait là ! Tu progresses vite ! »
Le jeune disciple acquiesça d'un hochement de tête accompagné d'un sourire.
« C'est l'heure de la pause ! s'exclama le forgeron.
— Est-ce que je peux rester pour continuer mon ouvrage personnel ..?
— Bien sur ! N'oublie pas de refermer l'atelier derrière toi. »
Le forgeron s'éloigna tandis que Karnam sortait un grand paquet, enroulé dans un morceau de cuir de sanglier. Il en déballa une grande lame et un pommeau pas tout à fait terminés. Il coinça la lame dans un étaux pour continuer son affinement et l'aiguiser. Il travaillait dessus depuis un mois, mais il n'était jamais content du résultat, alors il recommençait encore et encore...
Les heures passèrent... Puis, il entendit des enfants courir dehors, et il se rendit compte qu'il n'arriverait pas à faire mieux pour la journée. Il rangea la lame dans le morceau de cuir, prit le pommeau avec lui pour continuer dans l'après-midi et se mit en route pour la maison où un bon repas l'attendait. Il passa le seuil de la porte sans faire de bruit, quand soudain, sa mère sortit de la cuisine en criant :
« -Tu as vu l'heure ?! »
Le jeune Iop prit peur et resta figé quelques instants.
« -Je... On avait du boulot... Et je n'ai pas vu passé l'heure... »
Elle le regarda d'un air soupçonneux et remarqua :
« -Tes mains sont sales, va les laver. Pendant ce temps je vais réchauffer ton repas. »
Karnam couru à l'étage pour cacher son pommeau d'épée sous son oreiller et descendit se laver les mains.
Le repas était bon : des cuisses de Bouftou avec des patates, son repas favoris. Il l'engloutit en autant de temps qu'il fallait pour le dire et se précipita dans sa chambre pour récupérer son matériel de forge.
« -Je vais jouer dehors ! s'exclama t-il en dévalant les escaliers.
-Essai de ne pas rentrer trop tard ! Et ne joue pas dans … »
Il ferma la porte derrière lui et n'entendit pas la fin de la phrase. Comme à son habitude il parti en quête d'un coin tranquille où il pourrait améliorer son œuvre. Dans la plupart des cas, il allait au bord de la forêt. Il y avait là un arbre immense, qui lui permettait de voir chaque arbre, chaque maison du village, ainsi que la rivière qui zigzaguait jusqu'à l'horizon. C'était son endroit préféré parmi toute ses cachettes.
Alors qu'il était concentré sur son travail, Karnam entendit les autres enfants du village chahuter en dessous de lui : ils jouaient à Chacha. Il ne put s'empêcher de rire quand l'un d'eux se fit bêtement attraper en courant autour de l'arbre. Les enfants s'arrêtèrent net en le voyant perché là haut et partirent jouer plus loin dans le bois.
Karnam se sentait seul, aucun enfant ne voulait jouer avec lui. Il n'arrêtait pas de penser à la jeune Pandalette qu'il avait vu plus tôt ce matin, qui lui avait adressé un sourire. Il rougit et se remit à son ouvrage.
La poignée de son épée était presque terminée, la garde était en bauxite, ornée de deux crocs de Mulou. La fusée quant à elle était aussi en bauxite, mais entourée d'un lacet de cuir de Boufton blanc qui rejoignait le pommeau rond. Pour une fois, il était presque satisfait de son travail. Une épée comme celle là, il n'en avait jamais vu. Il descendit de son arbre et se hâta pour aller assembler son arme à l'atelier. Une fois arrivé il ressortit ses outils et sa lame, qu'il serra dans l'étau et tapota doucement avec un maillet pour enclencher la poignée. Il donna un puissant coup et se fut terminé. Il l'a prit dans les mains. Elle était grande, lourde, ses traits étaient parfaitement parallèles. Un sourire de satisfaction s'installait sur son visage. Il fit quelque moulinet au dessus de sa tête. Elle était parfaitement équilibrée.
« Elle est parfaite ! » pensa t-il.
Puis, il se rendit compte que, comme tout bon forgeron, son arme devait porter un nom digne de sa beauté.
« Bauxaria ?.. Non. L'épée Pourpre ?... Non et encore non... Épée Kitu' ?... »
Karnam soupira longuement d'un air exaspéré, enroula son épée sans nom dans le cuir, la ficela et rangea l'atelier avant de partir.
Une fois dehors, notre jeune Iop s'en alla faire un tour dans la forêt pour réfléchir au calme à un nom pour son œuvre. Il longea la rivière puis s'installa au pied d'un arbre. Une heure passa, puis une autre, et le jeune Iop perdait espoir. Il se releva, tourna les yeux vers la rivière où il vit une étrange lueur qui attira son regard. Une chose brillante luisait au fond. Il s'approcha du bord, tendit la main : c'était encore trop loin ! Il s'étira de tout son long et tomba dans l'eau tête la première. Il refit surface et ouvrit la main pour admirer sa découverte : c'était une pierre. Elle était aussi rouge qu'un Rubis, pourtant ça n'en était pas un : l'étrange pierre était plus transparente, et plus sombre au centre, comme si un brouillard épais l'habitait. Fasciné, le jeune Iop l'enveloppa dans un mouchoir, la fourgua dans sa poche et pris le chemin du village.
Arrivé à la maison, le ciel commençait tout juste à prendre une teinte orangé. Il en conclu qu'il était rentré juste à temps : passé une certaine heure, on racontait dans le village qu'un terrible Mulou Fou attrapait les enfants pour en faire son soupé. Avec cette idée en tête Karnam claqua la porte et la ferma à clef derrière lui.
« Enfin te voilà ! Ça fait une heure que je t'attends ! » s'exclama sa mère.
— J'étais dans la forêt et j'ai...
— Tu étais dans la forêt ?! Ça suffit, va dans ta chambre, je t'ai déjà dis que tu n'avais pas le droit d'y aller, c'est remplis de monstres affamés ! Tu es privé de sortie, aller zou ! »
Karnam monta les marches lentement en marmonnant que c'était injuste. Il s'assit sur son lit et se rappela que la pierre qu'il avait trouvé était toujours dans sa poche. Il la sortit et la fixa longuement. Soudain une idée lui vint : une aussi jolie pierre incrustée sur son épée, ça serait parfait ! Il déballa le cuir pour en sortir la lame, prit la pierre et se demanda où elle pourrait bien aller. Il chercha longuement en plaçant la pierre d'un endroit à un autre et en conclu que sur le pommeau, tout au bout de la poignée, serait le meilleur endroit. Il creusa l'emplacement à l'aide d'un maillet et d'un poinçon. Au bout de quelques minutes le trou était assez grand pour y placer l'objet. Il se prépara à donner un grand coup de marteau, et lorsqu'il la frappa, une étincelle bleue s'en envola. Le Iop, surpris, redonna un petit coup et une autre étincelle, plus petite, en jailli. Il passa sa main sur la pierre lorsqu'un grand foudroiement l'engourdi. Il regarda son épée qui vibrait et en conclu que la pierre était magique ! Fatigué de sa journée, Karnam se mit au lit, l'arme dans les mains, en pensant à sa nouvelle découverte. Ses paupières devinrent lourdes, tandis que l'épée dégageait un faible aura. Il ferma les yeux, et avec d'un petit sourire sur les lèvres il souffla le nom de Brazan.
Le lendemain matin, Karnam se réveilla à l’aurore pour s’entraîner avec sa nouvelle compagne. Il descendit sans faire de bruit les escaliers, prit une part de brioche et disparu comme un voleur. Une fois dehors il se dirigea vers la grange où il prit un seau, un balai, un sac de paille et une vieille armure qu'il avait faite à la forge. Il enfila le tout à un épouvantail qui se trouvait dans le champ d'à côté. Après l'avoir casqué, Karnam s'arma de son bouclier et leva son épée qui étincelait avec les rayons du soleil. Il frappa la cible improvisée et se sentit un peu bête : un ennemi comme celui-ci n'offrait pas beaucoup de challenge. Il abaissait son épée et retournait vers la grange lorsque qu'un cliquetis attira son attention. Il se retourna et vit l'armure bouger. Il s'approcha doucement, toucha le casque du bout de l'épée et soupira. « Ça ne devait être que le vent ». Il se retourna encore, et cette fois-ci ce fut un claquement qui se fit entendre. Le Iop se retourna brusquement et vit l'épouvantail s'animer et sauter dans tous les sens. Le jeune guerrier sourit à l'idée d'avoir enfin un combattant digne de ce nom.
« À nous deux Poutch Ingball ! », s'écria t-il.
Le monstre sautilla vers lui en agitant les bras. Karnam bondit sur le côté et le frappa de plein fouet avec son bouclier. Le coup ne fit qu'un simple bruit et la créature n'avait pas l'air d'avoir subi de dégât. Lorsque la lame le toucha en revanche, elle se mit à vibrer et projeta le monstre 5 mètres en arrière où il se cogna contre la grange. Karnam accouru pour voir ce qu'il s'était passé : l'épouvantail ne bougeait plus, l'énergie qui l'avait animé l'avait quitté. Le jeune guerrier ressenti alors une aura tournoyer autour de lui, qui disparu quelques instants après. Il se réjouissait à l'idée des aventures qui pouvaient à présent lui arriver : il s'imaginait en train de chasser le Mulou, ou même sauver le village d'une invasion de Moskito malade ! Avec toute ces images en tête Karnam entendit les Tofus chanter sur le toit de la maison, et il se souvint qu'il devait aller à la forge pour s’entraîner auprès du contremaître Ikul.