- Karnam l'Exilé -
Vous n'avez pas le droit de répondre
Élu
Karnam
14:06:08 09/12/2012

CHAPITRE I



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Un jour comme tant d'autre, à l'aurore d'un matin où le ciel se mit à rougir d'un profond rouge cerise, un jeune disciple du dieu Iop nommé Karnam vit d'étranges couleurs remplir les blancs nuages. Le jeune garçon se leva prestement de son lit et s'élança vers la porte qui donnait sur l'extérieur, pour admirer cet événement sans pareil. C'était magique, à tel point qu'il couru en direction du soleil pour s'en approcher. Il traversa le jardin, passa le portillon, et se précipita dans la rue pour rejoindre la grande muraille de la ville aussi vite que lui permettait ses petites jambes d'enfant.
Une fois arrivé au pont levis, il gravit les marches deux à deux, s'approcha du bord, et aux vues de sa petite taille, s'appuya sur le muret pour mieux voir le spectacle. Une petite voix qui venait de derrière lui, demanda : « C'est Chouette hein ? ». Surpris, Karnam sursauta et se retourna pour voir qui s'adressait à lui. Elle regardait vers la vallée, un grand sourire aux lèvres : « Tu viens souvent voir le levé de soleil ? » lui demanda la jeune Pandalette. Il ne sut quoi dire, et la regarda bouche bée. Elle tourna son regard vers lui, rit et descendit les escaliers en sautillant. Il la fixa jusqu'à ce qu'elle disparaisse de son champ de vision. Pendant un moment il resta là, et se rendit compte que le spectacle était fini depuis longtemps. Il décida de rentrer à la maison avant que sa mère ne s’aperçoive de son excursion matinale.

Quelques heures plus tard, Karnam fit semblant de se réveiller lorsque sa mère ouvrit la porte de sa chambre. Il descendit de son lit et se dirigea vers la cuisine pour prendre son petit déjeuner.
« Tu as bien dormi ? Lui demanda-t-elle.
— Oui maman... »
Il prit une gorgée de son chocolat chaud en soufflant sur la fumée qui s'en échappait.
« Dis moi, ce n'est pas ce matin que tu devais aller aider le contremaître Ikul ? »
Le jeune Iop recracha le liquide brûlant sur la table, prit une part de brioche et couru vers la porte en criant :
« Je suis en retard ! Je serai là pour manger. À tout-à-l'heure ! »
Une fois encore, sa taille ne lui facilitait pas la tâche. Il couru aussi vite qu'il le put vers la forge ou le maître Ikul avait tout juste commencé à allumer le four.
« Tu es encore en retard ! lui fit-il remarquer.
— Je sais maître, j'en suis désolé...
— Ce n'est pas grave, aide moi plutôt à mettre les lames dans les braises. »
Karnam enfila son tablier et exécuta les ordres à la lettre.

Après deux heures de travail intensif, il s'essuya le front et souffla un grand coup. Il raccrocha son tablier au porte manteau et retira ses gants.
« C'est du bon boulot qu'on a fait là ! Tu progresses vite ! »
Le jeune disciple acquiesça d'un hochement de tête accompagné d'un sourire.
« C'est l'heure de la pause ! s'exclama le forgeron.
— Est-ce que je peux rester pour continuer mon ouvrage personnel ..?
— Bien sur ! N'oublie pas de refermer l'atelier derrière toi. »
Le forgeron s'éloigna tandis que Karnam sortait un grand paquet, enroulé dans un morceau de cuir de sanglier. Il en déballa une grande lame et un pommeau pas tout à fait terminés. Il coinça la lame dans un étaux pour continuer son affinement et l'aiguiser. Il travaillait dessus depuis un mois, mais il n'était jamais content du résultat, alors il recommençait encore et encore...


Les heures passèrent... Puis, il entendit des enfants courir dehors, et il se rendit compte qu'il n'arriverait pas à faire mieux pour la journée. Il rangea la lame dans le morceau de cuir, prit le pommeau avec lui pour continuer dans l'après-midi et se mit en route pour la maison où un bon repas l'attendait. Il passa le seuil de la porte sans faire de bruit, quand soudain, sa mère sortit de la cuisine en criant :
« -Tu as vu l'heure ?! »
Le jeune Iop prit peur et resta figé quelques instants.
« -Je... On avait du boulot... Et je n'ai pas vu passé l'heure... »
Elle le regarda d'un air soupçonneux et remarqua :
« -Tes mains sont sales, va les laver. Pendant ce temps je vais réchauffer ton repas. »
Karnam couru à l'étage pour cacher son pommeau d'épée sous son oreiller et descendit se laver les mains.
Le repas était bon : des cuisses de Bouftou avec des patates, son repas favoris. Il l'engloutit en autant de temps qu'il fallait pour le dire et se précipita dans sa chambre pour récupérer son matériel de forge.
« -Je vais jouer dehors ! s'exclama t-il en dévalant les escaliers.
-Essai de ne pas rentrer trop tard ! Et ne joue pas dans … »
Il ferma la porte derrière lui et n'entendit pas la fin de la phrase. Comme à son habitude il parti en quête d'un coin tranquille où il pourrait améliorer son œuvre. Dans la plupart des cas, il allait au bord de la forêt. Il y avait là un arbre immense, qui lui permettait de voir chaque arbre, chaque maison du village, ainsi que la rivière qui zigzaguait jusqu'à l'horizon. C'était son endroit préféré parmi toute ses cachettes.
Alors qu'il était concentré sur son travail, Karnam entendit les autres enfants du village chahuter en dessous de lui : ils jouaient à Chacha. Il ne put s'empêcher de rire quand l'un d'eux se fit bêtement attraper en courant autour de l'arbre. Les enfants s'arrêtèrent net en le voyant perché là haut et partirent jouer plus loin dans le bois.
Karnam se sentait seul, aucun enfant ne voulait jouer avec lui. Il n'arrêtait pas de penser à la jeune Pandalette qu'il avait vu plus tôt ce matin, qui lui avait adressé un sourire. Il rougit et se remit à son ouvrage.

La poignée de son épée était presque terminée, la garde était en bauxite, ornée de deux crocs de Mulou. La fusée quant à elle était aussi en bauxite, mais entourée d'un lacet de cuir de Boufton blanc qui rejoignait le pommeau rond. Pour une fois, il était presque satisfait de son travail. Une épée comme celle là, il n'en avait jamais vu. Il descendit de son arbre et se hâta pour aller assembler son arme à l'atelier. Une fois arrivé il ressortit ses outils et sa lame, qu'il serra dans l'étau et tapota doucement avec un maillet pour enclencher la poignée. Il donna un puissant coup et se fut terminé. Il l'a prit dans les mains. Elle était grande, lourde, ses traits étaient parfaitement parallèles. Un sourire de satisfaction s'installait sur son visage. Il fit quelque moulinet au dessus de sa tête. Elle était parfaitement équilibrée.
« Elle est parfaite ! » pensa t-il.
Puis, il se rendit compte que, comme tout bon forgeron, son arme devait porter un nom digne de sa beauté.
« Bauxaria ?.. Non. L'épée Pourpre ?... Non et encore non... Épée Kitu' ?... »
Karnam soupira longuement d'un air exaspéré, enroula son épée sans nom dans le cuir, la ficela et rangea l'atelier avant de partir.

Une fois dehors, notre jeune Iop s'en alla faire un tour dans la forêt pour réfléchir au calme à un nom pour son œuvre. Il longea la rivière puis s'installa au pied d'un arbre. Une heure passa, puis une autre, et le jeune Iop perdait espoir. Il se releva, tourna les yeux vers la rivière où il vit une étrange lueur qui attira son regard. Une chose brillante luisait au fond. Il s'approcha du bord, tendit la main : c'était encore trop loin ! Il s'étira de tout son long et tomba dans l'eau tête la première. Il refit surface et ouvrit la main pour admirer sa découverte : c'était une pierre. Elle était aussi rouge qu'un Rubis, pourtant ça n'en était pas un : l'étrange pierre était plus transparente, et plus sombre au centre, comme si un brouillard épais l'habitait. Fasciné, le jeune Iop l'enveloppa dans un mouchoir, la fourgua dans sa poche et pris le chemin du village.

Arrivé à la maison, le ciel commençait tout juste à prendre une teinte orangé. Il en conclu qu'il était rentré juste à temps : passé une certaine heure, on racontait dans le village qu'un terrible Mulou Fou attrapait les enfants pour en faire son soupé. Avec cette idée en tête Karnam claqua la porte et la ferma à clef derrière lui.
« Enfin te voilà ! Ça fait une heure que je t'attends ! » s'exclama sa mère.
— J'étais dans la forêt et j'ai...
— Tu étais dans la forêt ?! Ça suffit, va dans ta chambre, je t'ai déjà dis que tu n'avais pas le droit d'y aller, c'est remplis de monstres affamés ! Tu es privé de sortie, aller zou ! »
Karnam monta les marches lentement en marmonnant que c'était injuste. Il s'assit sur son lit et se rappela que la pierre qu'il avait trouvé était toujours dans sa poche. Il la sortit et la fixa longuement. Soudain une idée lui vint : une aussi jolie pierre incrustée sur son épée, ça serait parfait ! Il déballa le cuir pour en sortir la lame, prit la pierre et se demanda où elle pourrait bien aller. Il chercha longuement en plaçant la pierre d'un endroit à un autre et en conclu que sur le pommeau, tout au bout de la poignée, serait le meilleur endroit. Il creusa l'emplacement à l'aide d'un maillet et d'un poinçon. Au bout de quelques minutes le trou était assez grand pour y placer l'objet. Il se prépara à donner un grand coup de marteau, et lorsqu'il la frappa, une étincelle bleue s'en envola. Le Iop, surpris, redonna un petit coup et une autre étincelle, plus petite, en jailli. Il passa sa main sur la pierre lorsqu'un grand foudroiement l'engourdi. Il regarda son épée qui vibrait et en conclu que la pierre était magique ! Fatigué de sa journée, Karnam se mit au lit, l'arme dans les mains, en pensant à sa nouvelle découverte. Ses paupières devinrent lourdes, tandis que l'épée dégageait un faible aura. Il ferma les yeux, et avec d'un petit sourire sur les lèvres il souffla le nom de Brazan.

Le lendemain matin, Karnam se réveilla à l’aurore pour s’entraîner avec sa nouvelle compagne. Il descendit sans faire de bruit les escaliers, prit une part de brioche et disparu comme un voleur. Une fois dehors il se dirigea vers la grange où il prit un seau, un balai, un sac de paille et une vieille armure qu'il avait faite à la forge. Il enfila le tout à un épouvantail qui se trouvait dans le champ d'à côté. Après l'avoir casqué, Karnam s'arma de son bouclier et leva son épée qui étincelait avec les rayons du soleil. Il frappa la cible improvisée et se sentit un peu bête : un ennemi comme celui-ci n'offrait pas beaucoup de challenge. Il abaissait son épée et retournait vers la grange lorsque qu'un cliquetis attira son attention. Il se retourna et vit l'armure bouger. Il s'approcha doucement, toucha le casque du bout de l'épée et soupira. « Ça ne devait être que le vent ». Il se retourna encore, et cette fois-ci ce fut un claquement qui se fit entendre. Le Iop se retourna brusquement et vit l'épouvantail s'animer et sauter dans tous les sens. Le jeune guerrier sourit à l'idée d'avoir enfin un combattant digne de ce nom.
« À nous deux Poutch Ingball ! », s'écria t-il.
Le monstre sautilla vers lui en agitant les bras. Karnam bondit sur le côté et le frappa de plein fouet avec son bouclier. Le coup ne fit qu'un simple bruit et la créature n'avait pas l'air d'avoir subi de dégât. Lorsque la lame le toucha en revanche, elle se mit à vibrer et projeta le monstre 5 mètres en arrière où il se cogna contre la grange. Karnam accouru pour voir ce qu'il s'était passé : l'épouvantail ne bougeait plus, l'énergie qui l'avait animé l'avait quitté. Le jeune guerrier ressenti alors une aura tournoyer autour de lui, qui disparu quelques instants après. Il se réjouissait à l'idée des aventures qui pouvaient à présent lui arriver : il s'imaginait en train de chasser le Mulou, ou même sauver le village d'une invasion de Moskito malade ! Avec toute ces images en tête Karnam entendit les Tofus chanter sur le toit de la maison, et il se souvint qu'il devait aller à la forge pour s’entraîner auprès du contremaître Ikul.
Élu
Karnam
14:18:15 09/12/2012

CHAPITRE II



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Une troupe de milicien marchait au pas dans les rues sombres de la ville. Au loin, dans une salle du quartier général de la milice de Brakmar, le grand Oto Mustam recevait un alchimiste forgemage du nom de Sotsiah Peh.
« Cet objet est d'une utilité capitale pour notre cité ! Comment avez-vous pu le perdre ?! s'exclama le chef de la milice.
— Je n'y suis pour rien, la pierre s'est mise à briller d'un rouge aveuglant durant l'expérience que je tentais dessus, et elle a disparue !
— Retrouvez la ! Si vous tenez à votre misérable vie !
— Puis-je vous suggérer d'envoyer plutôt des troupes à travers le monde des Douze pour tenter de la retrouver.. ?
— Je n'ai pas de temps à perdre avec ce genre de débat ! J'enverrai un escadron spécial pour faire les recherches dont vous serez à la tête ! Maintenant allez, et ne revenez pas sans elle !
— Très bien, » consentit le mage.
Plus tard dans la journée, bien que le ciel sombre de la région pouvait faire croire au crépuscule, Sotsiah Peh et sa dragodinde prirent place à la tête du cortège qui traversait la ville en direction du pont levis situé au nord. Le groupe de milicien s'engageait sur la route sombre des Landes de Sidimote, et la longue traque commença.

Loin de cette agitation, dans la forge de son petit village, Karnam finissait l'aiguisage d'une épée à la lame rose visiblement fabriqué par un grand maître, et qu'un voyageur était venu faire réparer durant son arrêt dans le village. Une fois la tâche terminée, le jeune disciple couru à la taverne pour remettre à l'aventurier son équipement. Le guerrier était assis au fond de la salle, les pieds sur la table et le chapeau descendu sur les yeux. On pouvait aussi voir sa queue qui s'agitait pour chasser les Moskitos qui lui tournaient autour. Karnam s'approcha doucement et lui tendit son arme. Le félin montra les dents et fit un sourire digne d'un démon.
« Il était temps ! fit-il en se levant brusquement.
— Nous avons fait aussi vite que nous le pouvions...
— Eh bien, j'espère que la qualité en vaut la peine, car le temps c'est de l'argent comme me disait mon compagnon Enutrof ! »
Il avait l'air d'avoir passé tout son temps à boire pendant que son arme se faisait réparer. L'Ecaflip arracha l'épée des mains du jeune Iop et lui souffla son haleine imprégné d'alcool dans la figure, et passa son doigt sur la lame.
« Mmmh, oui, elle est bien aiguisée, remercie ton maître une fois rentré, » répondit le félin en lui jetant une bourse de Kamas. Ceci dit, Karnam se mit en route vers la forge en courant. Une fois arrivé il remit la bourse et les remerciements à son maître. Ikul accepta les deux et lui tendit quelques pièces pour le récompenser. Il le congédia ensuite pour la journée. Le jeune Iop rentra chez lui pour y déposer ses précieux Kamas dans un pot en verre qui en contenait déjà une petite centaine.

La journée ne faisant que commencer, après un bon repas, Karnam décida d'aller chasser des Araknes en forêt pour s'entraîner et devenir un véritable guerrier comme l'Ecaflip de ce matin.
Les enfants du village jouaient beaucoup aux abords de la forêt, faisant fuir les monstres. Le Iop décida donc de s'aventurer dans la partie sombre du bois en prenant son courage à deux mains, ainsi que son arme. Alors qu'il marchait en faisant attention à chacun de ses pas, une Arakne géante lui sauta dessus depuis le haut de l'arbre, le renversant. Karnam se releva aussitôt et fit face au monstre en pointant son épée dans sa direction. La créature recula, prit appuis sur une souche et bondit sur le jeune guerrier. Soudain, une étincelle sorti du pommeau de son arme : un grondement se fit entendre au dessus d'eux et un puissant éclair s'abattit sur l'Arakne, la carbonisant dans les airs. Karnam n'en revenait pas : encore une fois il avait battu un monstre en une seule attaque, sans en avoir le contrôle. Il se rappela l'expérience de la pierre qui s'était mise à briller et faire des étincelles la veille au soir. L'objet était magique, il en était convaincu. C'est elle qui lui donnait tout ces pouvoirs. Mais comment ? D'où venait-elle ? Tant de questions à se poser auxquelles il n'avait pas de réponse. Il décida de rentrer au village pour interroger Ikul sur un quelconque pouvoir relié à des pierres magiques dont il lui avait souvent parlé.
Une fois arrivé, le contremaître était en plein travail sur une armure très spéciale. Il s'arrêta à la vue du jeune apprenti.
« Tiens, te revoilà ? Je croyais que tu avais fini ta journée ? »
Karnam expliqua tout les événements bizarres qui lui était arrivés depuis hier, cette magie et cette pierre qui l'intriguait. Le contremaître resta perplexe.
« Ce type de pierre me fait évidement penser aux légendes dont je t'avais parlé, mais comment un tel artefact aurait-il pu échouer dans notre forêt ? S'il s'agit bien du genre de relique magique appartenant aux dieux, je crains qu'une chose terrible ne soit arrivé dans les parages... Fait très attention avec cette épée : d'immenses pouvoirs sont hébergés en elle, et je pense que le possesseur de ce bijou doit être en train de la chercher partout. »
Un vacarme assourdissant se fit entendre en dehors.
Surpris, Karnam hocha la tête pour remercier son maître et disparu par la porte du fond. Il se précipita chez lui et cacha son arme sous son lit.
Élu
Karnam
12:04:08 15/12/2012

CHAPITRE III



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Les jours passèrent. Karnam n'avait pas ressorti son épée depuis sa visite chez le contremaître Ikul au sujet des pierres magiques. Finalement, malgré la peur de se faire prendre, il décida de se lever tôt pour aller chasser dans le bois et s'entraîner d'avantage à contrôler les pouvoirs qui lui étaient donnés. Après une heure de recherche et d'attente, les monstres n'avaient pas l'air d'être très présent ce matin : seul quelques Araknes vinrent à passer près de lui sans l'agresser. Il s'enfonça de plus en plus dans la forêt au point de croire que la nuit s'y était installé. La marche lui avait donné faim. Il s'installa près d'un gros arbre et mangea sa tranche de brioche tressée. Il regarda autour de lui et se demanda comment un tel endroit pouvait effrayer. Certes les arbres étaient sombres, des monstres terrifiants rodaient dans les parages, mais Karnam s'y sentait à l'aise.
Quelques instants plus tard, un craquement si fit entendre. Un peu plus loin, un sanglier sauvage raclait le sol avec son groin. La taille de l'animal était impressionnante aux yeux d'un enfant, mais ceci ne découragea pas le petit aventurier. Tandis que l'aventurier s'avançait lentement vers la bête, celle-ci leva la tête brusquement et s'enfuit à toute vitesse. Sur le coup, le jeune chasseur ne comprit pas. Il regarda tout autour de lui. Rien. Il en conclu que la créature l'avait senti approcher.
Karnam décida alors de se mettre à la recherche du fuyard, bien que la forêt lui parut immense. La traque commença.

Au même moment, à la sortie nord du village, une troupe de soldat avançait en cadence. Les guerriers sombres, armés de lances, s'arrêtèrent net devant la porte close. Le mage Sotsiah Peh se détacha du groupe, fit face aux guerriers et prit la parole.
« Un espion de Brakmar nous a certifié avoir entendu parler d'un enfant qui aurait trouvé une pierre dans cette forêt ! Nous devons retrouver l'enfant en question ! Il en va de la sûreté de notre cité ! Fouillez chaque maison, chaque grange, dépouillez les et rassemblez tous les enfants ici même ! »
Les miliciens s'approchèrent de la porte, dont ils cassèrent le verrou d'un simple coup de hache. Et la panique s'installa parmi les villageois.
Une heure plus tard, un des miliciens s'approcha du mage et lui fit son rapport.
«Tous les enfants sont réunis où vous l'aviez souhaité. Pas un ne possédait la pierre dont vous parliez et chaque maison à été fouillée de font en comble.
— C'est regrettable, très regrettable... Nous allons les emmener à Brakmar, Oto Mustam saura quoi faire d'eux. »
Aux yeux des parents impuissants, la troupe de miliciens escorta les enfants en dehors du village.

Le soleil culminait dans le ciel et Karnam n'avait pas retrouvé le sanglier fuyard. Il décida alors de retourner au village avant que sa mère ne commence à s’inquiéter. Aux abords de la forêt, l'aventurier bredouille sentit une odeur de fumée qui venait du village. Effrayé, il se mit à courir aussi vite qu'il le put et arriva face à la porte défoncée. Il traversa le marché où les stands étaient détruits, passa devant le forge dont le toit s'était effondré et arrivé à sa maison, chercha dans chaque pièce en criant le mot « Maman ! » sans arrêt.
« Karnam ?! » C'était la voix de sa mère.
Elle rentra dans la maison et lui tendit les bras. Le jeune Iop lui sauta au cou.
« J'ai cru t'avoir perdu ! Comment se fait-il que tu n'ai pas été enlevé comme les autres ?
— J'étais sorti très tôt ce matin... Que s'est-il passé maman, où sont les autres enfants ?
— Des miliciens vêtus de noir sont entrés dans le village, ils ont tout brûlé. Le chef du village a cru entendre un des gardes parler d'une pierre magique qu'un enfant aurait trouvé dans les bois. Mais c'est absurde. Aucun enfant ne va.. Karnam, c'est... C'est toi l'enfant dont ils parlaient ? »
Le jeune Iop sortit son épée du fourreau et indiqua l'endroit de la pierre du bout du doigt.

« Il est ici ! Je savais bien qu'un enfant était entré dans le village, je ne suis pas fou ! dit une voix qui venait de dehors.
— C'est lui, c'est l'enfant dont ils parlaient !
— C'est de sa faute si nos enfants ont été enlevés !
— C'est un démon ! Qu'on s'en débarrasse ! »
Tout le village était réuni à la porte de la maison. Deux des villageois arrachèrent Karnam aux mains de sa mère en pleurs. Ils le présentèrent au chef du village.
« C'est donc toi, celui qui a causé la perte de tous nos enfants, qui a causé la destruction de notre village, de nos cultures. Étant chef de cette communauté, je te bannis ! »
Les yeux de Karnam se remplirent de larme, qui se mirent à couler le long de ses joues, et vinrent à toucher le sol.
Les deux villageois qui le tenaient s’avancèrent vers la porte et le jetèrent sur le sol.
« Si tu tiens encore à la vie, ne remet jamais les pieds ici ! » lui cria l'un d'entre eux.
Le jeune Iop se releva péniblement, s'appuyant sur ses genoux. Il lança un dernier regard au village, et s'enfonça dans la forêt.

Le voici devenu exilé, banni par les siens. Il ne savait pas où aller à présent. Fatigué, il s'assit au bord de la rivière et regarda son reflet s'afficher dans l'eau. Il ne cessait de penser aux enfants qui avaient été enlevés et se souvint de la jeune Pandalette qu'il avait vu un matin. Il se souciait du fait qu'elle soit en danger. Il prit son épée et la regarda longuement en se disant « C'est de ta faute si j'en suis là, comment ai-je pu croire qu'une telle pierre pourrait m'aider à devenir un aventurier.
— C'est grâce à elle que tu es enfin libre de faire ce que tu veux. » Dit une voix derrière lui.
Karnam se retourna et vit le contremaître Ikul qui se tenait debout, un sac sur le dos.
« Pourquoi venez-vous me parler ? J'ai été bannis, vous n'avez plus le droit de me fréquenter, sinon vous subirez le même sort que moi.
— Peut-être, mais ce n'était pas intentionnel. Je me baladais dans les bois par hasard et je t'ai croisé, fit il en clignant d'un œil. Si je viens pour te parler, c'est pour une seule raison : ma fille est détenue prisonnière des miliciens sombres. Et je n'ai plus l'âge de partir à l'aventure. Comme personne dans le village ne compte affronter cette armée, mon unique espoir de revoir un jour ma fille, c'est toi Karnam. Muni de cette épée, tu détiens de grands pouvoirs que tu ne peux imaginer. Tu n'en maîtrise qu'une infime partie, de ce que j'ai compris. Cette quête que je te donne te permettra d'en apprendre plus sur cette pierre, ainsi que sur toi même. Jeune aventurier exilé du nom de Karnam, acceptes-tu de devenir ce que tu es vraiment au fond de toi même ? Ou préfères-tu errer dans cette forêt toute ta vie ? »
Karnam regarda Ikul avec attention, il ne cessait de se poser des questions. Il l'avait toujours voulu, il en rêvait depuis toujours, devenir un aventurier, un guerrier de renom. En contre partie il serait seul durant cette recherche et ne pourrait compté que sur lui même dans ce vaste monde des Douze dont il ne connaissait rien finalement. Il réfléchit longuement et trancha.
« Je suis et je serai toujours un guerrier au fond de moi. J'accepte cette quête. »
Le contremaître sourit en entendant ces mots. « Soit, mais pourquoi partir sans équipement ? »
Il ouvrit son sac et en sorti une armure. « Voici l'armure que je portais lors de mes nombreuses quêtes. Elle te revient de droit. »
Le casque était marron, avec de grands ornements de fer sur le dessus en forme de lame. La visière, elle aussi en fer, cachait une bonne partie de sa vision et formait une croix sur le devant. Suivit la cape, marron elle aussi comme le reste de l'équipement, avec le dessin d'une croix grise, comme sur le casque, qui la découpait en 4 parties plus ou moins égales. Les bottes ainsi que la ceinture étaient fait eux aussi avec ces deux mêmes couleurs. Sa ceinture comportait une sorte d'épée comme boucle, et les bottes, des sangles de cuir de sangliers des plaines qui était plus sombre.

Le contremaître passa son doigt sur son anneau, et dit « Cet anneau, tout comme ton équipement à été fait avec des pierres de magie. Un pouvoir sommeille en chacun d'eux, tu apprendras au cour de tes aventures à les utiliser. J'ai appris à me servir de chacun d'entre eux, sauf cet anneau. Peut-être un jour y arriveras-tu... Je te le souhaite en tout cas. » Il tendit l'anneau au jeune aventurier qui enfilait son équipement. Karnam le prit et le passa à son doigt.
Le contremaître sourit à la vue de l'allure qu'il donnait dans cette panoplie. « Je prierai Iop pour toi. Comme tu le sais, nous, aventuriers, lui devons beaucoup. »
Il acquiesça d'un hochement de tête.
« Je... Je ne sais pas comment vous remercier.
— Tu n'as pas à le faire, c'est à moi de te remercier. Maintenant prend ce sac, j'y ai mis quelques objets et ingrédients pour tes premiers jours de voyage. Va, et reviens avec nos enfants. Que Iop soit avec toi. »
Ikul se retourna, fit signe de la main avant de s'éloigner.

Karnam prit son épée, accrocha son fourreau à sa ceinture, fouilla dans le sac et en sortit la carte que le contremaître y avait mis. Il se lança alors à la poursuite des miliciens, rejoignant la route qu'ils avaient empruntée.
Élu
Karnam
13:08:17 30/05/2013

CHAPITRE IV



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Lorsqu'il se réveilla, il fut surpris de constater que sa première nuit en dehors du village avait été étonnamment calme. Contrairement à ce qu'il pensait, aucun monstre n'était venu l'importuner pendant son sommeil. Il s'étira de tout son long, ouvrit les yeux du mieux qu'il le put, et vit d'étranges formes bouger autour de lui. Là, se tenaient face à lui, quatre créatures nommés Milimulou. L'un d'entre eux leva la tête dans sa direction, montra les crocs et grogna, attirant ainsi l'attention des trois autres. Leur apparence de canidé n'inspirait pas confiance. Ils avaient un long museau, découvrant une large série de dents acérées. Leurs têtes étaient ornées d'une crinière leur couvrant le dos jusqu’à la queue.
Karnam agrippa le pommeau de Brazan et commença à dégainer la lame. Soudain, les monstres se raidirent, se mirent à plat ventre en signe de soumissions et reculèrent, avant de détaler. Le jeune Iop ne comprit pas. Puis, il remarqua une ombre immense qui se dessinait à ses pieds. Il se retourna et se retrouva éblouie par le soleil. Il parvint cependant à distinguer une silhouette imposante qui le dominait. La créature était bien plus grande que les Milimulou, mais de par sa couleur sombre, ses babines retroussées, son regard fou, l'aventurier comprit alors que les monstres qui venaient de fuir n'étaient autre que les petits de celui qui se dressait à présent devant lui.
Le Mulou Fou abaissa alors sa tête vers le Iop, ouvrit la gueule et relâcha un grognement terrifiant.
« Ce n'était donc pas qu'une légende » se dit-il.

Les jambes de Karnam tremblaient, et l'assurance qu'il avait acquis lors de ses combats l'avait quitté. Tandis qu'il songeait à battre en retraite, la créature engagea le combat en lui envoyant son énorme patte à travers le visage, arrachant son heaume sur le coup. Il se releva péniblement, s'appuya sur son épée pour se relever, et chercha une solution pour s'échapper. Son regard fuyait dans toutes les directions, cherchant un endroit ou il serait en sécurité. Le Mulou profita de son inattention pour le charger. Le guerrier esquiva de justesse mais n'avait pas fais attention à la puissante queue de son adversaire. Celle-ci le projeta dans les racines d'un arbre ou il se retrouva piégé. Ne lui laissant pas un seul instant de répit, le monstre prit son élan, se releva sur ses deux pattes arrière, prêt à l'écraser, lorsque sa victime empoigna son épée pour lui asséner un violent coup dans les appuis. La créature s'écroula sur le côté, abattant ses puissantes griffes sur l'épée qui était à présent le seul rempart entre lui et la bête. Les bras du jeune Iop tremblaient, de la sueur coulait le long de son front, les forces commençait à lui manquer. Le monstre appuyant de tout son poids, la lame se rapprochait dangereusement du Iop. Alors que Karnam pensait son dernier instant venu, son arme se mit à briller comme la fois ou il avait foudroyé l'Arakne. Un sourire se dessina sur son visage et la lame sembla se charger d'énergie. Une boule de feu s'échappa de la pierre et explosa, projetant les deux adversaires chacun de leur côté. Il se redressa et vit Brazan retomber avec un bruit métallique. À bout de force, il s'approcha en boitant et remit son arme dans son fourreau. Malgré la puissance de la déflagration, le Mulou tentait déjà de se relever. Ahuri, le combattant épuisé décida de fuir pendant qu'il en était encore temps. Il ramassa son sac et se précipita pour quitter les lieux.
Alors qu'il reprenait un rythme moins soutenu, il entendit au loin les lamentations de son adversaire dépité.

La peur au ventre, Karnam ne cessait de se retourner, regardant de tout côté pour vérifier qu'il n'était pas suivit. Les bruits qui l'entouraient l'obligeaient à presser le pas. L'affreux Mulou Fou aurait bien pu demander à ses enfants de prendre le fuyard en chasse.
Le bois s'éclairait petit à petit. Une lumière aveuglante le séparait à présent de la bordure de la forêt. Encore quelque pas et le voilà arrivé dans une vaste plaine. Des troupeaux sauvages de Bouftou et de Boufton y avaient élu domicile. Le jeune Iop s'approcha lentement d'un petit qui broutait de l'herbe à quelque pas de lui, à l'écart des autres. Il tendit la main pour le caresser, et celui-ci ce mit à bêler. La petite boule de laine rejoignit les siens en courant.

Un peu plus loin, la cheminée d'une ferme laissait apercevoir une fine traînée de fumée, vers le quel Karnam se dirigea. Il toqua à la porte et attendit qu'on lui ouvre : pas de réponse. Il décida alors de faire le tour de la propriété et aperçu la grange ouverte, où un homme entassait du blé. Celui-ci se retourna et fronça les sourcils à la vue du jeune aventurier avant de lancer d'une voix enthousiaste :
« Bien l'bonjour ! Je m'appelle Kourk Ingalsse ! Je ne t'ai jamais vu dans l'coin, je suppose donc qu't'es un d'ces vagabonds en quête d'aventure ! Quoi qu'il en soit, que viens-tu faire dans ma noble ferme ?
— Euh.. Je...
— Ne m'dis rien ! Tu cherches un endroit où t'reposer ? Rien d'plus simple ! Il t'suffit d'suivre ce chemin, il t’emmènera tout droit au village d'Amakna ! C'est à une demi-heure de marche d'ici. Pour sûr, un grand gaillard comme toi ne devrais pas avoir d'mal à l'trouver ! Ne me remercie pas, c'est tout à fait normal ! Je t'souhaite un bon voyage ! » et le vieil homme retourna à son occupation.
Stupéfait, Karnam resta un instant à fixer le paysan, avant de prendre la route vers le village.

Après un moment passé sur la route, il arriva enfin à destination : Amakna. Ce village, sa mère lui en avait déjà parlé ; elle y avait vécu autrefois. Elle lui racontait comment elle avait connu son père, la vie qu'ils avaient eu avant de s'installer au village, et toutes les histoires qui y était associées. Il se rappela celle du bon roi Allister qui avait fait tant de chose pour son royaume, en mettant parfois sa vie en danger, accompagné de ses fidèles soldats. Cette pensé lui resta un moment à l'esprit. Le roi n'était pas seul lorsqu'il avait accompli tout ses hauts faits, Karnam lui, l'était. Après un long moment de réflexion, il décida de partir en quête d'un compagnon de voyage, qui aurait de l'expérience, connaîtrait la région par cœur...
Il s'avança vers la grand place où les commerçants vantaient haut et fort la marchandise qu'ils proposaient. « Venez goûter mes Greu-vette ! Elles sont toute fraîches, pêchées ce matin !
— Mesdames votre attention ! Un produit miracle pour effacer les tâches sur les vêtements de vos bambins, un peu d'huile de tournesol sauvage et hop ! Plus de boue, plus de..,
— Et une épée de boisaille pour le jeune homme ! Un fier aventurier que tu fais là !
— Ils sont mignons, ils sont craquants ! Adoptez votre petit Chacha pour seulement 50 Kamas ! »
L'air sentait bon les produits frais qui laissaient échapper leurs odeurs jusqu'aux narines des clients. Le ventre du jeune aventurier se mit alors à grogner : il avait faim, mais les quelques provisions qu'Ikul lui avait mit dans son sac lui suffirait amplement. Il traversa la place et s'installa près d'un arbre pour y manger. Il observa l'agitation au loin, et soupira : les seuls enfants qu'il voyait étaient bien trop jeunes pour l'accompagner.

Une vieille dame s'arrêta à la vue du jeune garçon et remarqua :
« Alors, on mange tout seul ? » Karnam sursauta, et fit un hochement de tête affirmatif.
« Permet moi de te porter compagnie le temps de reposer mes vieux os. » La vielle femme s'appuya sur son bâton, et s'assit tout en douceur.
« Dis moi, tu m'as l'air bien équipé pour un enfant. Tu prépares quelque chose ? Tu pars à l'aventure ? » fit-elle en ricanant.
La bouche pleine, il hocha à nouveau la tête en guise de réponse.
« Ça m’a l'air d'être du sérieux en tout cas, mais tout seul ça risque d'être un peu difficile tu crois pas ? Laisse moi te donner un bon conseil : non loin d'ici se trouve le village d'Astrub, un jolie petit endroit d’ailleurs. Tu devrais aller y faire un tour, les jeunes aventuriers de passage comme toi y sont souvent présent. » Elle lui adressa un petit clin d’œil et se releva pour continuer sa route.
Karnam avala son repas, le regard dans le vide et pensa, « Ils sont vraiment bizarre ici ». À son tour il se leva, ramassa son sac, prit sa carte dans les mains et se remit en route pour sa nouvelle destination : Astrub.
Déterminé à trouver un compagnon de voyage, le jeune Iop avançait d'un pas décidé, en oubliant ses blessures contre le monstre. Durant la journée il traversa toute la campagne d'Amakna d'une seule traite, en observant les habitants, les drôles de maisons aux toits oranges, les nombreux troupeaux de Bouftous qui se baladaient librement, les différentes boutiques qui proposaient leur service. Il crut même remarquer une forge au loin. Il finit par arriver prêt d'une muraille où un cour d'eau en faisait le tour : il en conclut qu'il s'agissait de la rivière Kawaii et du fameux château d'Amakna où régnait le roi Allister. Le soleil commençait à être bien bas dans le ciel, alors Karnam continua son chemin, regrettant de ne pas avoir le temps de visiter. Les montagnes qui faisaient face aux murailles étaient magnifiques, si grandes que l'on se sentait minuscule à côté. Un bruit de chute de pierre se fit entendre dans les hauteurs brumeuses, et il distingua une silhouette immense qui s'estompa en un instant. « Un Craqueleur ! » s'émerveilla t-il. Ces monstres de pierre étaient eux aussi liés à des histoires du village. On racontait même qu'il était rare d'en rencontrer un.

La nuit s'installait paisiblement dans le ciel, rappelant au jeune inconscient qu'il fallait se dépêcher de trouver un abris pour la nuit. Il entra dans une petite forêt dans laquelle de légers bruits se faisaient entendre. Karnam n'était pas très à l'aise dans les bois depuis sa dernière traversé. Il avançait prudemment, regardant de tous côtés. Soudain, un petit groupe de Tofu traversa le chemin à quelques mètres devant lui. L'un d'entre eux s'arrêta fixement, regardant dans la direction de l’intrus et reprit son élan pour rattraper son retard. L'obscurité était enfin tombée sur le monde des Douze. Au loin un long trait lumineux se distinguait entre deux arbres. Il fixa ce point pour se diriger, ne regardant plus où il mettait les pieds, et vit enfin les murs de la cité d'Astrub.
Élu
Karnam
19:39:20 10/02/2014

CHAPITRE V



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Les jambes griffées par les ronces, il finit par sortir du bois. De là ou il se tenait, les grands murs de la cité laissaient échapper une lueur orangée, qui lui donnait un air accueillant. Le jeune aventurier rejoignit le sentier, et s’apprêta à entrer dans la ville. Étrangement, aucun milicien ne patrouillait à l'entrée. Un peu plus loin sur le chemin, se trouvait un attroupement de villageois qui s'agitait devant une boutique. Bien que fatigué, il ne put s'empêcher d'avancer pour récolter quelques informations. Cette fois-ci sa petite taille l'avantagea et lui permit d'atteindre le premier rang. Tout autour de lui les habitants sous le choc, s'exclamaient :« Comment ça a pu arriver ? » « Si ça se trouve, les bandits sont encore dans le coin ! » « Ne soyez pas ridicule, les gardes les auraient arrêtés » « Oui et bien justement, je trouve que ce n'est pas normal qu'aucun garde n'ai remarqué d'entrées et sorties suspectes. » L'un des gardes qui délimitait la zone de sécurité ne cessait de répéter : « Il n'y a rien à voir, la milice d'Astrub s'occupe de l'affaire, rentrez chez vous ! »
Devant la porte de la boutique dévastée se tenaient deux hommes, l'un dans une armure similaire à celle des soldats mais plus brillante, l'autre corpulent, grand et vêtu d'un tablier. Ils parlaient à voix basse, mais Karnam comprit quelques mots : « Ces bandits... tout dérobé... forêt... demain matin... » Le chef des miliciens avait l'air d'accord, hochant la tête d'un air entendu. Une fois la discussion terminée, il mit sa main sur le poitrail, s'inclina légèrement et tout deux prirent congés. Intrigué, le jeune Iop entrevit un passage entre les gardes et accouru auprès du grand homme. Celui-ci se retourna et vit le garçon qui approchait. Une fois à sa hauteur, il demanda : « Je peux t'aider petit ? Je suppose que tu voudrais savoir ce qu'il s'est passé? »
Karnam acquiesça.
« Il y a une heure environ, un groupe de bandit est entré dans le village afin de piller l'épicerie. Comme c'est la nuit, les miliciens refusent de pénétrer dans la forêt. Même avec leur promesse d'envoyer des hommes demain matin je pense pas qu'ils les rattraperont. Je soupçonne quelques gardes d'être corrompus, et ça leur apporte d'ailleurs une sécurité certaine. »
Songeur il finit par reprendre : « Dis moi, chargé comme tu es, tu n'es pas du coin je suppose ? Tu as de la chance, je suis justement le Tavernier de cette petite ville. Si tu n'as pas d'endroit ou dormir je loue quelques chambres pour pas cher. »
Karnam ouvrit son sac et y chercha quelque chose à donner au Tavernier. Une petite bourse traînait au fond, il lui la tendit. L'homme déversa les Kamas dans sa grande main et fit signe de le suivre. Arrivé à la taverne il monta à l'étage, lui indiqua sa chambre, lui en confia la clef et reparti sans un mot.
La pièce sentait le renfermé, mais le lit qui se trouvait au milieu fit naître un sourire sur les lèvres de l'aventurier exténué. Il ouvrit les volets, ferma les yeux et se laissa tomber en arrière sur le matelas. Quelques instants après, il s'endormit.

Le jour se levait à peine sur le village, les Pious chantaient sur les toits, ce qui réveilla le jeune garçon. Il bailla, s'étira, prit son sac sur son dos et descendit les escaliers. Derrière le comptoir se trouvait le Tavernier.
« Bien dormi ? lui fit-il.
— Oui très bien, merci.
— Je vous ai préparé un en-cas pour la route, en espérant vous revoir bientôt. »
Karnam attrapa le petit sac que lui tendait l'homme, fit un signe de tête en guise de remerciement et sortit.
Une fois dehors, il croisa quelques villageois avec de petites mines qui se dirigeait vers la place marchande. Il suivit alors la route qui traversait la ville. Il passa devant différentes boutiques : un tailleur qui changeait les vêtements des mannequins en vitrine, un cordonnier qui dépoussiérait les chaussures de son présentoir, et la banque... Il arriva enfin devant un petit lac, où il s'assit sur un banc. Le soleil se reflétait sur l'eau et dansait au rythme des petites vagues. Très peu de nuages passaient dans le ciel bleu, dessinant des ombres dans le plumage des pious qui picoraient sur la rive. Il soupira de bien être avant de commencer à manger.
Une fois terminé, il se releva et reprit son aventure dans les rues de la ville. Cette fois, la place marchande était comble, les vendeurs commençaient un à un à venter leur marchandise et les enfants courraient entre les stands. Pour éviter tout ce brouhaha, une petite ruelle s'offrait à lui. Il s'y engagea et longea les petites maisons. Au bout de cette rue se trouvait un champ de panonceaux qui affichaient des avis de recherche. L'un d'eux attira l’œil de l'aventurier. On pouvait y lire :
« ON RECHERCHE FRAKACIA LEUKOCYTINE
Quiconque nous livrera ce bandit se verra reverser une somme de...
10,000 Kamas ! »
C'est le mot «bandit» qui retint son attention.
« Et si cette Frakacia était le chef des bandits de l'attaque d'hier soir. » pensa t-il.
En se rappelant les mots du Tavernier au sujet des miliciens corrompus, il décida de se lancer à la poursuite des malfrats afin de rendre service au peuple d'Astrub. Il arracha l'une des affiches et se mit en route de la sortie nord qui donnait sur la forêt.

Karnam s'engagea sur le petit chemin qui menait aux immenses champs s'étendant à perte de vue. Il aperçu des paysans qui fauchaient depuis l'aurore. Un peu plus loin un panneau indiquait deux directions différentes. Sur le côté droit on pouvait lire : Exploitation minière d'Astrub ; celui de gauche montrait le sentier de la forêt. C'est vers ce dernier qu'il continua. Arrivé à la frontière du bois, l'image du Mulou lui revint : ses jambes refusaient de l'y emmener de peur de croiser à nouveau celui qui avait manquer de le tuer. Il ferma les yeux ainsi que les poings, fit un pas, puis un autre, et fini par rouvrir les yeux. « Cette fois je suis dedans, je ne peux plus faire marche arrière. » se persuada t-il. Et il reprit son avancée.
Les arbres n'étaient pas si effrayant que ça finalement, et les seuls créatures qu'il croisait n'étaient que des Sangliers, Prespic et autres Moskito apeurés. Un peu plus loin sur le chemin, un buisson se mit à bouger. Intrigué, Karnam sortit son épée du fourreau, et s'avança prudemment. Le bosquet trembla à nouveau et une mains en sortit : « Ahah ! Je t'attrape enfin ! » Un curieux garçon apparu et s'empressa d'enfermer sa trouvaille dans un bocal de verre. L'enfant se retourna vers le Iop et lui fit signe : « Hey, bonjour !
— Euh, bonjour.. ? Répondit Karnam.
— Wouah, sympa l'épée ! T'es un aventurier c'est ça ? Moi je suis apprenti alchimiste, et je viens de trouver une plante super rare que mon maître m'a demandé de lui ramener, ça fais trois jours que je viens ici pour la chercher ! Il m'en faut un autre exemplaire et ma quête sera terminée ! Mais dis moi, que viens tu faire par ici ?
— Et bien... Je viens chercher le chef des bandits, un certain Frakacia, tu sais où je peux le trouver ?
— Mais c'est super dangereux ! Et oui, c'est pas très loin d'ici : tu continues sur le sentier et un peu en retrait tu verras l'entrée de leur campement. »
Karnam abaissa la tête pour dire merci et suivit les indications du jeune garçon en le laissant sur place.
Quelques instant après, il sursauta en entendant une voix derrière lui : « Non mais je vais t'accompagner, on sait jamais, tu pourrais avoir besoin de moi ahah ! » Sans faire de bruit, le gamin l'avait rattrapé.
« Au fait, mon nom c'est Dimecamen, disciple du dieu Eniripsa ! Et toi ?
— Je... Je m'appelle Karnam, disciple du dieu Iop, balbutia t-il.
— Et pourquoi tu as décidé de te mettre en chasse de ces bandits ? »
Il n'eut pas le temps de répondre qu'ils étaient arrivé devant le campement. Sans trop réfléchir Karnam passa l'entrée faite de piques et rondins de bois mal taillés.
Élu
Karnam
16:04:34 10/05/2014

CHAPITRE VI



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[En cours d'écriture]
[Ajout du chapitre V le 10/05/14 à 17h45]
Bonne lecture !